La chevauchée du Flamand

Jean Diwo
Fayard
2005
439 pages

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Pouvez-vous croire que je vous dévoile ici le livre qui a gagné la médaille de celui qui a traîné dans ma PàL-le-plus-longtemps? On me l’a offert à ma fête alors que ma mère était encore en vie soit presque douze ans!! Vous comprendrez donc que j’ai profité du défi ABC 2019 pour le lire enfin et j’avoue que j’avais bien hâte qu’il ne soit plus sur mes tablettes, il me faisait quasiment peur tellement il avait pris une aura mystique à mes yeux. Le livre pré-décès-de-maman. Il doit bien contenir un message de l’au-delà…

Rubens était déjà un étudiant très talentueux lorsqu’il partit sur les chemins en direction de l’Italie afin de peaufiner son apprentissage de peintre. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps avant que son talent et son charme tombent dans l’oeil d’un riche personnage qui lui assure sa subsistance en échange de ses toiles. De fil en aiguille, le talent de Rubens fut vite reconnu par la noblesse et il devint l’un des plus riches Flamands. Il accepta même de servir l’archiduchesse d’Autriche, l’infante Isabelle comme ambassadeur pour son pays. Pierre-Paul Rubens (1577-1640) fut considéré comme l’un des peintres les plus achevés et des plus prolifiques de l’histoire.

Je n’ai pas trouvé de message de l’au-delà dans ma lecture, ni même quoique ce soit qui puisse démarquer cette lecture de toutes les autres que j’ai faites récemment. Toutefois, La chevauchée du Flamand représente très bien mes amours de lectrice d’autrefois. La peinture et l’histoire, thèmes dans lesquels je ne m’étais plus relancée depuis des lustres, m’ont sortie de ma zone de confort. Toutefois, même s’il y a longtemps que le mouvement baroque ne m’inspire plus, il était très plaisant de se plonger dans l’histoire au travers du regard de Pierre-Paul Rubens, gentilhomme de grande beauté, amant viril, talentueux artistique, amoureux des arts sous plusieurs formes et collectionneur. Je ne pouvais que tomber sous son charme comme bien d’autres femmes de son époque!

Dans ce récit, nous suivons certes l’histoire de Rubens à partir du moment où il quitte la Flandre pour son apprentissage en Italie, mais comme plusieurs grands hommes, surtout ceux qui se sont mêlés de politique, on ne peut passer sous silences les Monarques de cette époque et leurs relations houleuses. Ainsi, le récit s’entrecoupe des histoires de la cour française parfois relatées via un narrateur externe parfois via le journal d’un des personnages de l’époque. Au moment où Rubens est un jeune peintre, c’est Henri IV qui règne sur la France. Un peu rustre, grand guerrier et surtout grand coureur de jupons qui ne peut résister à ses maîtresses, il est aussi très près de son peuple, aimant partir à leur rencontre accompagné de quelques hommes sans grand fla-fla.
Comment dire cela ?
Mais cet homme m’a plu. Au travers des siècles, malgré un portrait pas toujours flatteur, j’ai beaucoup aimé Henri IV. Il m’a permis de me replonger dans la littérature historique sans trop d’accrochages. Malheureusement, suite à son décès, c’est Marie de Médicis qui occupe le trône et c’est là que j’ai commencé à décrocher de ma lecture.

Alors que Rubens est devenu célèbre, qu’il enchaîne les commandes à une vitesse telle que je n’ai même plus le temps d’apprécier ses oeuvres sur Google ou même de suivre le mouvement du pinceau dans sa main, Marie de Médicis, vide les coffres de la France pour des idioties. Certes, Henri IV a dépensé beaucoup pour les femmes qui lui plaisaient, mais cette souveraine venue d’Italie qui n’a aucun attachement au pays qu’elle dirige, jette l’argent par les fenêtres sans le souci du peuple qui le lui donne. Elle se battra toute sa vie pour garder le pouvoir contre son fils Louis XIII (qui n’a pas hérité du charisme et du talent de leader de son père), tout en restant dans les bonnes grâces du jeune homme. Bref, un portrait bien peu flatteur pour une femme, contrairement à l’infante Isabelle qui, je ne saisis pas pourquoi, avait choisi Rubens comme émissaire pour la paix afin de mettre fin à la guerre entre l’Angleterre et l’Espagne. D’ailleurs, la façon dont Rubens a su se faufiler dans les palais royaux, s’attacher l’amitié des plus grands est vraiment saisissante. Il est étonnant de voir qu’à cette époque, une personne qui n’est pas de la royauté peut tout de même grimper les échelons s’il sait séduire les bonnes personnes avec son intelligence et sa langue habile. Ou son talent artistique comme Rubens. Malgré cela, le peintre qui aurait pu se marier à une femme de la noblesse a choisi son épouse dans la bourgeoisie flamande, car, comme nous nous en rendons compte, la langue d’un noble peut cracher le pire poison.

Je ferme La chevauchée du Flamand avec beaucoup de plaisir. Même si, la dernière moitié du roman m’a semblé moins intéressante à cause d’un rythme un peu trop effréné et d’une Marie de Médicis qui aurait mérité d’être jeté en bas de son trône, je sais maintenant que je suis encore capable de me plonger dans la littérature historique. Ma concentration est encore assez intacte pour que je puisse profiter des apprentissages qu’un tel livre peut apporter. Et puis, un personnage avec un pinceau à la main a toujours de quoi de bien à nous raconter!

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Résumé

– «Pierre-Paul Rubens, un jeune Flamand, la bourse plate mais le coeur à l’étrier, chevauche jusqu’à Venise, Florence et Rome. Il survit en vendant les portraits des gens de rencontre, découvre Titien, copie les maîtres et se met au service de la cour du duc de Mantoue.
Déjà riche et célèbre, il revient sept ans plus tard à Anvers, où il achète une maison grandiose, le Wapper. Il y crée un atelier singulier, véritable usine à peindre où travaillent près de cent élèves et artistes confirmés, dont Bruegel de Velours, Snyders, Van Dyck et Jordaens. C’est le maître qui ébauche, dirige la mise en couleurs et finit chaque tableau. Son pinceau magique en fait « un Rubens », reconnaissable entre tous.
La vie de Rubens prend un brusque tournant quand l’infante Isabelle, qui gouverne les Pays-Bas au nom du roi d’Espagne, le nomme peintre de sa cour, à Bruxelles. Elle lui confie des missions de renseignements que facilite son métier. Cela l’entraîne sur les routes d’Europe et l’amène à fréquenter les grands. A Madrid, Paris ou Londres, il peint les princes, les écoute et recueille des renseignements. Il approche ainsi Henri IV, Louis XIII, Marie de Médicis, Richelieu, Charles Ier d’Angleterre, le duc de Buckingham, le roi d’Espagne. Il immortalise ses proches, sa maîtresse, la magnifique Hélène Fourment.
Cette chevauchée, située dans le demi-siècle le plus romanesque de l’Histoire (1600-1650) donne, comme tous les romans de Jean Diwo, un livre d’aventures, d’amour et d’érudition plaisante. Espion, génie et amant, Rubens revit avec panache, et sa fougue enflamme tout.» dos de couverture

Lu dans le cadre du challenge ABC 2019

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3 réflexions sur “La chevauchée du Flamand

  1. Bah, 12 ans, je dois bien avoir ça dans ma PAL aussi. Hum hum!
    Je trouve sympa de parfois revenir à ses premiers amours en littérature. Moi, c’était la littérature africaine et les romans d’espionnage et à chaque fois que je m’y remets, je me demande pourquoi je n’en lis pas plus.
    Pour le coup, Rubens pourquoi pas, mais après le petit roman sud-africain qui me fait de l’oeil sur mon étagère depuis bien trop longtemps 😉

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    1. 12 ans pour moi c’est un record! Je me sentais coupable par rapport à ce livre🤦‍♀️🤦‍♀️. Peut-être que je devrais faire comme toi et me replonger dans mes anciens amours. En tout cas, la litterature historique m’a bien plus. Mais il est vrai que ça fait aussi très longtemps que je n’ai rien lu qui soit africain.

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